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Portrait / Témoignage

A seulement 25 et 27 ans, Mélanie Lamy et Sophie Louatron ont choisi le chemin de l’entrepreneuriat et ont repris deux fonds de commerce : une supérette à Cambes-en-Paine et un primeur à Épron avec l’idée d’en faire des magasins de produits locaux. Elles ont ouvert Le Panier de Cambes et Le P’tit Panier en octobre 2022 où elles proposent des produits normands : fruits et légumes, fromage, crémerie, viande, épicerie, etc.

Mélanie Lamy & Sophie Louatron

Mélanie Lamy et Sophie Louatron se rencontrent en école d’ingénieur. Une fois diplômée, Mélanie Lamy commence sa carrière chez Cerfrance où elle fait du conseil technique auprès d’agriculteurs en agriculture de conservation des sols en Haute Normandie. En 2021, elle s’installe dans le Calvados afin de rejoindre son conjoint et travaille dans une exploitation maraîchère avec un magasin de vente directe. L’idée d’un commerce de produits locaux commence à germer. A la sortie des études, Sophie Louatron, quant à elle, travaille en tant qu’ingénieur qualité chez Elle & Vire.

Devenues amies, Mélanie Lamy et Sophie Louatron se côtoient régulièrement et au fil des discussions envisagent de s’allier pour ouvrir un commerce afin de valoriser les produits locaux. Leurs conjoints travaillent tous les deux dans le domaine agricole et elles ont un réseau important dans la région.

Elles financent une formation à la création d’entreprise avec leurs CPF et se mettent en quête d’un local qui pourrait accueillir leur projet. Mélanie Lamy et Sophie Louatron constatent qu’un fonds de commerce à Cambes-en-Plaine est à vendre. Elles rencontrent le cédant avec qui elles ont un bon contact et qui leur présente son conseiller à la CCI. Ce dernier les invite à revoir quelque peu leur projet initial en leur proposant de reprendre aussi un fonds de commerce disponible à Épron.

C’est également leur conseiller à la CCI qui leur parle d’Initiative Calvados. Elles présentent leur projet devant le comité d’agrément de Caen. « Le passage en comité d’agrément est un bon exercice. Quand on parle du projet, on sait s’il tient la route ou pas. » explique Mélanie Lamy. A l’issue, elles obtiennent un montant total de prêts d’honneur de 12 000 € pour augmenter leur trésorerie de départ et leur faciliter l’accès à un prêt bancaire. 

Elles ouvrent ainsi les deux magasins en réalisant cependant quelques ajustements par rapport à leur idée de départ. Cela n’est pas facile de bousculer les habitudes des clients et de faire des changements trop brusques. Dans l’ancienne supérette de Cambes-en-Plaine, si les clients trouvent des produits locaux, ils peuvent également acheter des produits essentiels du quotidien. Les deux chefs d'entreprise essayent autant que possible de s'approvisionner auprès d'acteurs locaux. Lorsque cela n'est pas possible, elles travaillent avec un autre fournisseur de fruits et légumes qui permet de proposer, par exemple, des fruits exotiques en hiver, ou encore d'autres légumes comme de la courgette ou de la tomate en décembre. « On doit s'adapter à la demande des clients. Même si nous préférons vendre des produits de saison, la clientèle en général est demandeuse de certains fruits et légumes hors saison. Si nous ne les proposons pas, c'est une perte nette de clientèle. Or dans un début d'activité nous ne pouvons pas nous le permettre.»

A Épron, l'implantation de l'activité s'est très bien passée. A Cambes-en-plaine, quelques modifications voulues par les deux gérantes ont mis un peu de temps avant d'être adoptées par les clients. Ces derniers avaient l'habitude d'être servis alors qu'aujourd'hui, Le Panier de Cambes est passé en libre-service sur les fruits et légumes. « En commercialisant des produits locaux, nous avons augmenté le nombre de fournisseurs ce qui implique une augmentation du temps de réception des produits, de mise en rayon, de saisie des prix, etc. Il a fallu gagner du temps ailleurs. Mais cela n’empêche pas de conseiller et de servir des personnes qui en ont besoin. » Les deux gérantes espèrent aussi avec le libre-service, diminuer le temps d'attente de la clientèle et ainsi attirer une clientèle de jeunes actifs un peu "pressés".

D’autre part, selon les deux entrepreneuses, l’ouverture a eu lieu dans un contexte qui n’était pas idéal : des mouvements sociaux liés à la réforme des retraites, l’inflation et un hiver long qui a joué sur le moral des gens. « Cet hiver, nous n’avions pas l’esprit tranquille : les clients n’avaient pas l’habitude, nous n’avions pas de recul et nous avons testé des nouveaux produits mais cela n’accrochait pas car tout le monde avait le cafard. Mais depuis Pâques, cela va mieux. »

Mélanie Lamy et Sophie Louatron travaillent désormais avec des crèches et des écoles. La loi EGalim oblige la restauration collective à proposer 50% de produits durables et de qualité (dont des produits locaux) dans leurs menus. « Ces contrats ont un côté sécurisant pour notre projet. » explique Mélanie Lamy.

Après une première année d’aventure entrepreneuriale, une chose est sûre pour les deux chefs d’entreprise : « Si c’était à refaire ce serait forcément à deux. » Sophie Louatron ajoute : « Toutes les fois où nous ne sommes pas d’accord, cela permet de nous remettre en question et de nous faire avancer. »

Le Panier de Cambes
  • 3 place Jeanne Albertine - 14610 Cambes-en-Plaine
  • Ouvert du mardi au vendredi de 9h00 à 13h00 et de 15h30 à 19h30 et le samedi de 9h00 à 13h00 et de 15h30 à 19h00
Le P'tit Panier
  • 18 rue de la Grâce de Dieu – 14610 Épron
  • Ouvert du mardi au samedi de 9h00 à 13h00 et de 15h30 à 19h00